Mon corps frissonne, mon pouls s’intensifie et mon souffle saccade. Sonia fait partie de ces femmes fatales à qui on ne peut rien refuser. Caresser ses longues jambes gainées de cuir rouge parfaitement assorti aux semelles de ses Louboutin flambant neuves me rend complètement fou. Je la désire autant que je la crains. Ses ongles saillants me déchirent la peau, et son odeur florale me transporte à chaque fois que ses lèvres charnelles parcourent la courbure de mon cou. C’est au troisième étage de cet immeuble haussmannien de la fin du 19ème siècle que ma longue agonie orgasmique prend fin : le Dirty Madness Club, plus communément appelé "le Donjon" par les puristes, véritable havre de luxure où tous les coups de reins sont permis, avec comme seule limite le respect et la convivialité. Sonia était la taulière. Son secret ? Participer grandement à l’abolition des sombres dérives du plus vieux métier du monde. Formée par les services secrets russes, elle savait se défendre contre ses agresseurs mieux qu’un garde du corps bulgare sous amphétamines. Mi-pute, mi-agent double, sa formation lui avait permis l’arrestation de plusieurs détraqués sexuels, qui rentraient par la porte de devant et ressortaient soit entre quatre planches, soit bien amochés par la porte de derrière. Cette partie de jambe en l’air m’avait donné faim.